cheveux-blancs

En ce début de semaine de novembre 2023, la présidente de l’Assemblée Nationale et le président du Sénat appellent à une marche contre l’antisémitisme lequel se déploie ces temps-ci en France avec de moins en moins de complexes. Je ne suis plus en mesure d’aller marcher dans la rue. Mais j’aurais d’autres raisons de ne pas suivre cette marche. Même s’il ne s’agit pas de soutien « indéfectible » au gouvernement de Netanyahou, je trouve intolérable, déshonorant que participent à cette marche la famille des Le Pen, leur parti, des gens comme Eric Zemmour, tous historiquement et maintenant encore laudateurs de Pétain, négationnistes, et parents de l’antisémitisme !

Je me joindrais volontiers, sans complexe, à Fabien Roussel qui a le mérite de dire la vérité, même si je ne suis pas communiste. J’ai connu des membres d’extrême droite en France, j’en ai même hélas eu dans ma famille ; j’ai eu des discussions avec certains à propos des juifs, et je sais que les préjugés, les stéréotypes, sont… « indécrottables », simplement parce qu’irrationnels ! J’ai travaillé 12 ans avec un encadrement juif, et avec grand plaisir !

Dans la même période, la majorité sénatoriale, siège de l’égoïsme français, rhabille la loi sur l’immigration, déjà peu ouverte du ministre de « l’intérieur » en refusant la régularisations de travailleurs sans papiers dans les métiers en tension, en durcissant les conditions du regrougement familial, en supprimant quasiment les aides publiques à la santé des migrants etc.

Vive la France, « Terre d’accueil » !                                      

Nous commémorons ces deux prochains jours (16 et 17 juillet) la honteuse Rafle dite « du Vel’ d’Hiv », qui en 1942 a vu la police française de Vichy rassembler précisément au Vélodrome d’Hiver plus de treize mille personnes de confession juive dont un tiers d’enfants, presque sans eau ni nourriture pendant 5 jours avant d’être envoyés par train de la mort vers Auschwitz. Moins d’une centaine en reviendront vivants.

Mais je profite de cette commémoration pour évoquer, à l’intention de ma famille et de ceux qui me connaissent, une autre rafle : celle des juifs habitant en Charente et en Périgord blanc tout proche, qui eut lieu le 8 octobre 1942, donc à peine 3 mois après le Vel’ d’Hiv, là encore par la police de Vichy, et je retiens en particulier que dans mon village natal – Verteuil-sur-Charente - d’à peine 800 habitants, 15 juifs ont été arrêtés, regroupés avec les autres de Charente et Périgord blanc à Angoulême dans une salle de concert : Selon la presse locale, au total, 422 juifs, hommes, femmes, enfants, ont été arrêtés. Les Français ont alors procédé à un tri. Les juifs français et les bébés ont été extraits de la salle de concert et ont eu la vie sauve… pour cette fois-ci au moins. Les 387 autres ont été déportés vers les camps de la mort, parmi elles et eux, 85 enfants.

Je n’en ai jamais entendu parler (à l’époque j’avais moins de 2 ans), ni dans ma famille, ni dans mon village. C’est le hasard qui m’a permis de tomber sur une coupure de presse récemment. Je suis heureux de pouvoir en parler aujourd’hui !

Verteuil-sur-Charente

France BRUNE

Perpignan ces jours-ci

Perpignan que j’aime (ou plutôt que j’aimais) fête ces jours-ci la gloire des putschistes de l’OAS. Son maire, le parfait spécimen du Rassemblement National (ex FN) va élever « au rang de citoyens d’honneur de la ville » trois responsables de la tentative de coup d’Etat contre la République de de Gaulle, contre la République française plus exactement. Mon poil se hérisse à cette idée qui contre toute décence, tout respect de la Patrie, célèbre les assassins de Mouloud Feraoun et de ses cinq compagnons, inspecteurs de l’école laïque en Algérie, pacifistes, amis de Camus, d’Emmanuel Roblès, Jules Roy etc., célèbre ceux qui nous tiraient dessus, soignants de l’Hôpital Maillot depuis les immeubles alentour. Et le maire de Perpignan en rajoute avec des tables-rondes d’historiens ( !) célébrant le colonialisme mythifié, ses routes, ses écoles, ses hôpitaux… Et des expositions, et – bien sûr – un aumônier de paras, une procession à la cathédrale, j’arrête là.

Le 5 juillet l’Algérie fêtera ses 60 ans d’indépendance. J’ai le souvenir de la fête que nous apercevions de notre caserne-hôpital à Djelfa, sur les Hauts Plateaux, mais à laquelle nous n’étions évidemment pas  invités !

Deux ans plus tard j’étais invité dans un camp de jeunes délinquants comme infirmier à Tipaza. Heureux souvenir.

Bordeaux ces jours-ci

La Gironde a connu lors des dernières élections locales une montée du Rassemblement National. Bordeaux est une ville qui m’offre des liens familiaux. C’est aussi la tombe de ma mère.

Dans la nuit de vendredi à samedi (24-25 juin), un groupe d'individus a insulté, provoqué et agressé des personnes dans le quartier Saint-Michel. Des actes à "caractère raciste et xénophobe" selon des témoins et selon l'adjoint au maire en charge de la sécurité. "Clairement c'était une ratonnade. Ils descendaient pour casser la gueule aux gens, casser des Arabes, casser des antifas...C'est ce qu'ils disaient en tous cas." Selon un témoin de la scène. Ma famille confirme : « La télévision vient de montrer saint Michel, les attaques contre les étrangers avec des barres de fer en criant ‘Sales bougnoules »…

Saint-Michel : j’ai habité avec ma famille ce quartier, au pied « de la Flèche » (immense campanile de l’église - il faut le dire avec l’accent !). J’ai même fait un intérim de chef scout, pour remplacer celui qui venait d’être appelé en Algérie, alors que moi j’en revenais ! Le quartier est devenu plus musulman que catholique, très animé, riche de ses petits commerces en tous genres, à quelques encablures du centre historique de la ville.

Perpignan, Bordeaux, l’odeur qui monte de la France donne des hauts de cœur. Le brun l’emporte sur le bleu de la mer pourtant toute proche !

Vous vous rendez compte, Madame Michu ! Ils ont donné le Goncourt à un africain dont on ne peut même pas prononcer le nom ! Si ça se trouve c’est même pas lui qui a écrit, c’est peut-être un N’humanitaire ! – Ah peut-être. –Et puis il roule les r comme pas possible ! pire que Colette. – Ah, celle du 24 ? –Non, c’est une romancière de mauvaise vie, elle est morte en 1954. – Ben c’est bien fait pour elle ! – Mais c’est sûrement une histoire d’islamistes… Vous avez vu son prénom Madame Michu ? Mohamed ! Un Goncourt à Mohamed ! Non mais, où va-t-on ? – Ah pour ça oui ! Pourquoi pas Tahar comme le garçon du bistrot ? – Ah non ! Ne dites pas ça ; il y a déjà un Tahar chez les Goncourt. C’est le nom d’un fils du Prophète. Quand je vous dis que c’est la submersion ; et la submersion, elle va vers la soumission, c’est pas moi qui le dit Madame Michu. – Oui mais moi je fais pas de  politique. Vous allez voir en en 2022, vos Goncourt islamistes y seront pas à la fête !

Ouais ! Mais attention : voilà le vieux du 16, avec son chien noir. – Ouais, il le tient jamais en laisse ! – Il paraît qu’il a fait la même école que le Goncourt sénégalais, et que le sénégalais avait même pas fini sa thèse parce qu’il voulait écrire des romans. Mais le vieux du 16, on dit qu’il écrit des livres. Encore un qui ne doit pas être très chrétien ! – Ah bon ? Il faut le dénoncer à la police ! – Oui, d’autant plus que c’est un ami du Tahar. – Le garçon du bistrot ? – Non Madame Michu! le Goncourt d’avant !

Je n’appartiens pas  à « la France Insoumise » ; j’aurais pu sans doute, là n’est pas le problème. Après les pages ordurières de « Valeurs actuelles », je viens vous dire que je me sens proche de vous depuis quelques heures. Je ne vous connais pas personnellement, je vous aperçois de temps en temps à la télévision, mais encore une fois, là n’est pas le problème !

J’ai la chance, le bonheur, d’appartenir à une famille arc-en-ciel ! Oui, deux enfants à la peau cuite par le soleil, à croquer ! Oui un beau-frère togolais, aussi noir que vous (hélas décédé il y a quelques mois) qui avec ma sœur blanche de peau nous ont laissé cinq neveux et nièces allant du plus blanc au plus foncé des métissages.

Et les « jaunes » me direz-vous ? J’allais oublier ! Depuis mon enfance on me surnommait « le chinois » ; ne me demandez pas par quelles origines, maternelles ? Paternelles ? Jusqu’à ce vieil algérien qui, sur le port d’Alger, aux alentours du 30 septembre 1962, me prend dans ses bras en me disant « Merci aux chinois de venir nous aider ! » J’avais quitté l’uniforme, je n’ai pas cherché à rectifier, je suis revenu 2 ans plus tard…

Oui Madame Danièle Obono, je me sens proche de vous, nous nous sentons proches de vous, nous avons connu le racisme, y compris dans notre famille. Quoi ? de la couleur dans l’arbre généalogique ? Mais c’est si beau !