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Des croix comme à Gravelotte - et laïcité

En cette période de novembre, entre Toussaint et commémoration de l'Armistice de 1918, je constate (ce n'est pas un scoop) que les lieux de repos éternel de nos morts sont peuplés de croix, depuis les petits cimetières jusqu'aux immenses champs où ces croix sont souvent anonymes, marquant les victimes des guerres atroces des derniers siècles.

Autre constat : Séjournant dans un hôpital dépendant des institutions catholiques (chaque porte a le nom d'un saint, ce qui me situe au Paradis, enfin presque) je contemple dans ma chambre  au-dessus de la porte d'entrée un crucifix très design. (J'en parlerai plus loin).

 

C'est sans doute vers le V° siècle que la croix, cet instrument de torture et de mort, devient le signe de ralliement des chrétiens, et ce n'est qu'au XII° ou XIII° que le Christ apparaît attaché à cette potence. Il me semble que dans les premiers temps de persécution les chrétiens avaient adopté le poisson comme signe de reconnaissance clandestin. En effet, le nom grec de poisson,  ICHTUS, était utilisé comme acronyme (je traduis) de "Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur". On peut s'interroger - et je ne suis pas le premier - sur le fait qu'une religion se symbolise, s'identifie par un instrument macabre comme une croix. Imaginons un groupe social, une association, une grande Ecole choisissant comme signe identitaire une guillotine !

 

Cette croix est devenue dans l'Europe et autres pays christianisés de par le monde une sorte de "fait acquis". Je dirais même qu'elle a "colonisé" non seulement les pratiques religieuses mais aussi l'espace social. Les Pompes Funèbres vous la proposent automatiquement lors des obsèques de l'un des vôtres. Les cimetières en regorgent et bien timides sont souvent les stèles juives, islamiques, ou tout simplement athées. L'espace public comporte une infinité de calvaires dont certains sont de vrais chefs d'oeuvre d'architecture, et pas seulement en Bretagne ! Des croix surplombent les montagnes, on en trouve aux carrefours des routes secondaires, plus visibles qu'un radar.

 

Dans ma chambre d'hôpital, cette croix m'est imposée sans que je puisse émettre une opinion (ou une croyance) ! Mais cette croix-là m'intrigue. Voulant sans doute faire moderne, le créateur a donc dessiné une croix dont les bras comme ceux d'un danseur ou d'une danseuse se projettent gracieusement à droite et à gauche. Comment mieux faire pour effacer le caractère morbide de l'objet ? C'en est ridicule. Mais il faut penser à toutes ces croix-bijoux jouant le même rôle, assez éloigné d'une vrai foi.

Les chrétiens disent asseoir leur foi sur la résurrection de leur fondateur, on en est loin ici !

On m'a cité le cas d'un évêque qui, lassé de suivre des processions derrière un instrument de torture, a fait réaliser une sorte de bannière évoquant la résurrection, se substituant à la croix. Mon information s'arrête là... Mais il me semble cohérent avec sa religion.

 

Bref, irrité de me sentir une fois de plus "colonisé" par la croix, je revendique encore d'être laïc, incroyant par choix, et scandalisé de voir un instrument de torture me renvoyer sans cesse à la mort violente. J'aimerais mieux un symbole contre la peine de mort ! En 2018, 54 pays l'appliquent encore dans le monde...

 



05/11/2018
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