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Celui qui croit au ciel, celui qui n'y croit pas

 

Le 15 avril dernier, celui qui croit au ciel et celui qui n'y croit pas lèvent les yeux... au ciel et s'exclament, sidérés : "Mon Dieu ! Notre-Dame brûle !"

Notre-Dame de Paris en flammes ! Cette vision n'a pu laisser beaucoup de femmes et d'hommes indifférents, quelles que soient leurs croyances ou leurs incroyances.

J'ai bondi en entendant l'archevêque de Paris parler de "ceux qui n'arrivent pas à croire en Dieu". Mais Excellence, sachez qu'il y a des femmes et des hommes qui arrivent par une démarche très authentique à ne pas croire en Dieu ! J'en suis et cela ne m'empêche pas d'être bouleversé par cet incroyable évènement. Je lis avec émotion ce passage d'une chronique de Camille Laurens dans Libération des 20-21-22 avril : " La cathédrale subsume toute chronologie; elle est elle-même taillée dans le temps, émergée de la gangue des siècles, ce n'est pas un monument comme un autre, c'est du temps fait pierre, bois, plomb, verre, un énorme bloc de temps travaillé en forêt, ciselé en rosaces, fignolé en gargouilles..."

Je l'ai connue pour la première fois, Notre-Dame, à 19 ans en arrivant comme appelé à la caserne du Fort neuf de Vincennes. Je n'ai pas gardé de cette période un souvenir précis; je l'ai vue, visitée. Encore "croyant au ciel" j'ai dû assister à un office liturgique.

Puis je suis revenu en 1968, plus longuement. J'ai habité deux ou trois ans à quelques dizaines de mètres d'elle, rue Chanoinesse, dans une co-location avec des enseignants dont je faisais partie. J'avais un petit appartement au dernier étage (mansardé) qui comprenait aussi une cuisine commune.

J'ai le souvenir des jours de grandes fêtes où, aux aurores, le bourdon se mettait à nous faire vibrer dans nos lits, plus question de dormir !

J'ai dû assister encore à quelques offices, écouter des concerts, vibrer non plus au bourdon mais aux grandes orgues.

Et surtout, surtout, commencer une aventure avec une certaine Maudy Jacomet qui n'hésitait pas à passer me réveiller en allant travailler en compagnie de Freud, Lacan, et autres chantres de l'inconscient.

De la rue Chanoinesse nous sommes allés vivre ensemble dans un autre arrondissement, mais toujours grâce aux maîtres du "stade du miroir" nous repassions régulièrement devant Notre Dame.

Une année, Julia Kristeva fut invitée par l'archevêque de Paris à faire un exposé à Notre-Dame dans le cadre des conférences de Carême; nous nous sommes retrouvés parmi les fidèles - dont certains ne croyaient pas au ciel -  écouter la psychanalyste. Pour la petite histoire, Maudy avait été élève dans je ne sait plus quel lycée (public) avec... le futur archevêque de Paris qui fut tout heureux - je pense - de la revoir !

C'est dire que Notre-Dame de Paris est inscrite dans ma vie, dans une époque heureuse, pleine d'avenir.

Je termine en citant à nouveau Camille Laurens : Notre-Dame, "un sentiment d'une permanence où, sans le poids de l'éternité et sans l'aide obligée d'un dieu, la fragilité humaine puisait de la force et du sens, comme elle le fait dans l'art, dans la littérature".

 



26/04/2019
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