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A vrai dire, Monsieur le maire de Bordeaux, vous me laissez perplexe ! Vous ne voulez pas de bois mort sur la place Pey Berland pour Noël. Je vous comprends. L’installation d’un immense sapin est un évènement (annuel) qui coûte cher et mobilise des moyens peut-être inutiles. Ce sapin et d’autres plus petits ont été cultivés pour cette occasion et coupés pour finir leurs jours après les festivités de Noël je ne sais où. Mais ce qui me pose question c’est justement le symbole qu’ils veulent nous offrir depuis des siècles, en provenance des Celtes avec leur fête du « nouveau soleil », des Romains avec leurs saturnales, et autres célébrations de la renaissance du soleil lors du solstice d’hiver. Les chrétiens l’ont adopté comme symbole du triomphe de la vie sur la mort, conifère à feuilles persistantes. Alors « arbre mort » ? c’est le symbole à l’envers ! Mais c’est vrai, il a été coupé et n’a qu’une fin possible : mourir recyclé peut-être, mais mourir quand même.

Sur cette place Pey Berland (que j’ai bien souvent arpenté), rénovée pour le tramway – plus que pour les moineaux – entre la cathédrale Saint André, sa forêt d’arcs-boutants, ses maigres bosquets, et le palais Rohan (Hôtel de Ville de Bordeaux après avoir été demeure d’un archevêque), on ne trouve guère de verdure. Tout est froidement artificiel ! Alors ne serait-ce pas plus adéquat d’y mettre un sapin… en plastique ?

Horreur et hérésie pour les écologistes comme pour les tenants de la tradition ! Au passage, rappelons que le sapin de Noël est aussi un marché. Il a mis du temps à s’imposer et à se répandre en France : quelques reines ont fait sa promotion ; mais ce sont dit-on les alsaciens après la guerre de 70 qui l’ont popularisé. Aujourd’hui environ un foyer sur 4 achète un sapin pour un prix moyen de 27,08 euros (en 2018) ; on achète ainsi 6,9 millions de ces arbres-symboles ; le taux d’arbres artificiels serait faible : à peine 4 %. La France n’en produit pas assez, on en importe du Danemark et de la Belgique.

Monsieur le maire, je ne vois guère qu’une solution à vous proposer pour ne pas casser le symbole : plantez une mini forêt de sapins sur la place Pey Berland – Bordeaux est entouré de forêts de pins – en laissant une voie au tram, et à Noël on les décorera ; mieux, ils seront là l’année suivante ; on pourra organiser des jeux, des spectacles avec les enfants, les petits et les vieux ! Et moi à Paris, j’achèterai mon Nordman pour mon chien, mon chat et mes enfants ou amis de passage. Pour un « nouveau soleil » !