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Virilité


La cuisse de Jupiter

Deux coups de tonnerre ont retenti dans les milieux bien-pensants (dont je fais partie je crois ?) ces jours-ci. Dans l’ordre chronologique : les accusations portées contre Nicolas Hulot par plusieurs femmes accusations d’abus sexuels et même de viol dans les années où il était un personnage médiatique, un personnage de pouvoir dans la sphère politique de l’actuel quinquennat. Puis, à quelques heures d’intervalle, la quasi démission de l’archevêque de Paris, Michel Aupetit, s’accusant lui-même d’avoir été l’objet plus ou moins consentant des avances harcelantes d’une femme, sans autre suite sexuelle. Mais ce même archevêque se sait bien accusé par ses brebis d’être un berger autoritaire… un peu trop autoritaire. Au point d’avoir remis sa démission qu’il n’a jamais appelée démission au Pape François qui tranchera.

Après le rapport Sauvé remis récemment aux évêques français sur les crimes de pédophilie perpétrés par des membres responsables de l’Eglise, prêtres et laïcs, on mettait en doute l’obligation du célibat des prêtres. Mais pourquoi donc ? si les prêtres se marient, ils pourront devenir des pères Hulot, l’un n’empêche pas l’autre ! le problème est ailleurs. Le problème est au pouvoir…

D’un côté les évêques se sont façonné un récit auto-légitimateur de leur pouvoir : Dieu (le Père) a envoyé son fils sur terre, lequel a choisi et envoyé ses apôtres porter la bonne nouvelle, lesquels ont envoyé leurs successeurs désignés, les évêques, lesquels sont investis d’un pouvoir d’origine divine, sacré, indiscutable, qu’ils partagent avec les prêtres leurs subalternes. Donc « pas touche », et impunité garantie.

Ce modèle se retrouve, sans doute par une contamination historique – voire pré-historique – dans la sphère temporelle, notamment politique, mais aussi médiatique où le pouvoir donne droit à l’abus de pouvoir, et à l’impunité de l’abus. La source n’est pas divine certes, mais ne peut-on dire, en utilisant la locution populaire, qu’il suffit d’ « être sorti de la cuisse de Jupiter » ? C’est bien être d’origine semi-divine, comme les apôtres-évêques. Dionysos, Jésus même combat, ou même pouvoir. Intouchables. Virus descendant à la verticale jusqu’à Hulot, jusqu’à Aupetit. (L’Académie Catholique n’est pas d’accord ? tant pis pour elle !)

Et les victimes qu’ont-elles à dire ? Rien ? Jusqu’à maintenant ! Mais ça change ! Il n’y a que les Hulot-Dionysos ou les Aupetit-Grands Apôtres pour ne pas s’en rendre compte. Le pouvoir est souvent un abus.

Je termine sur une note revigorante : dans trois jours (30 novembre) on pourra entendre : « Entre ici Joséphine… danseuse, chanteuse, noire, bisexuelle, résistante, antiraciste, féministe» qui fut ma voisine à deux pas de chez moi rue Blomet Paris XV°. « Allons enfants… au Panthéon !»

 


27/11/2021
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Les morts chantent la Victoire !

11 novembre 1918, la guerre est terminée. Les poilus rentrent chez eux, les alliés regagnent leur pays. Les survivants de l'immense boucherie, de la guerre inutile, rentrent chez eux. Et beaucoup ont la "gueule cassée"...

La rumeur les accueille : Ces revenants ne sont-ils pas des planqués, des resquilleurs, des pleutres ?

Les vrais combattants, les vrais héros, les vrais Hommes, sont ceux qui sont morts.

Témoin cette citation d'un personnage des "Histoires déplaisantes" de Drieu la Rochelle. C'est une femme qui parle : "Ils m'ont aimée; mais ils ont été tués à la guerre. Maintenant, il n'y a que des pédérastes... des drogués, des eunuques !" C'est le discours de la dégénérescence, de la dévirilisation du peuple français, cher à la droite extrême. Les vrais hommes, les hommes virils, sont morts ! 1)

 

Certes, dans toutes les guerres il y a des planqués, des profiteurs, et même... des collabos ! Près de nous, j'ai été témoin des essais d'évitement du "départ en Algérie" au cours de cette guerre : j'étais, avant de partir moi aussi pour un an de l'autres côté de la Méditerranée, affecté à la direction des services de santé des armées et je voyais passer les demandes d'exemption pour des gens bien connus... Je me souviens en particulier des dossiers Jean-Philippe Smet, Sami Frey et autres que des gens haut placés voulaient protéger de la guerre  - même si elle ne disait pas son nom - mais tuait quand même. Ces démarches, autant que je m'en souvienne, n'étaient par reçues avec aménité par les gradés du service ! Mais la fin de la guerre en 1962 épargna aux futurs "planqués" le déshonneur...

 

Un mécanisme analogue eut lieu à la fin de la seconde guerre mondiale et de la victoire des alliés. Il s'agissait alors des prisonniers de guerre. J'en ai vécu une expérience familiale pénible. Mon père fut fait prisonnier au début de la guerre et fut libéré à la Libération. Un oncle avait subi le même sort mais il s'était évadé du camp où il était interné. Et bien entendu le héros était l'évadé, celui qui était resté interné était considéré comme peut-être un planqué, du moins un lâche, un résigné... Pas un homme viril c'est certain !

 

Revenons à 14-18. Ceux qui revinrent vivants durent ensuite compter avec la grippe dite espagnole, ramenée en fait des Etats Unis par les soldats américains. La grippe fit plus de morts que la grande guerre.

 

La morale de cette histoire, c'est qu'il vaut mieux être mort si l'on veut être un héros, en tous cas pas ne pas être prisonnier, mais éviter la grippe est encore préférable car ce n'est pas viril du tout !

 

1) In Olivia Gazalé, "Le mythe de la virilité". Robert Laffont, 2017

 


11/11/2018
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