cheveux-blancs

cheveux-blancs

Laïcité


ALLONZ'ENFANTS

 

Le Président veut réactiver l’apprentissage de la Marseillaise dès les premières années de la scolarité obligatoire. Je n’ai pas un souvenir précis de cette obligation dans mon école du village ; à la Libération, en 1946, c’est en CM1 (9 ou 10 ans) qu’elle fut obligatoire, puis plus tard en cycle 2 (de 6 à 9 ans). La Marseillaise avait repris sa place d’hymne national dans la constitution de 1946 puis dans celle de 1958. Le « Maréchal nous voilà » l’avait en partie éclipsée, ne retenant que les couplets compatibles avec « Travail, Famille, Patrie »…

J’ai un vague souvenir d’une obligation pour nous écoliers et pour notre maître d’aller chanter l’hymne national devant le monument aux morts le 11 novembre. Il est possible que notre maître, à l’époque, hésitait entre l’ »Internationale » et la prose de Rouget de Lisle (25 septembre 1791). « Chant de guerre pour l'armée du Rhin ».

Bien des changements au cours des régimes suivants, les empereurs ne l’appréciant guère, les rois pas du tout etc. Pour mémoire son apprentissage fut obligatoire dès 1911 à l’école grâce au ministre de l’éducation publique de l’époque (Maurice-Louis Faure).

 

Reste au XXIème siècle, sous la République Vème du nom, et sous le règne de Macron II, que les paroles de la Marseillaise posent quelques interrogations ! Comment commenter aux petites écolières et petits écoliers « L’étendard sanglant » qui s’est levé « contre nous » ?

N’est-ce pas délicat de déclarer « Quoi ! des cohortes étrangères – feraient la loi dans nos foyers – Quoi, des phalanges mercenaires – terrasseraient nos fiers guerriers » ? En pleine polémique sur la loi Immigration ?

Et ces « féroces soldats » qui « mugissent » dans les campagnes et qui viennent « Egorger vos (nos) fils, vos (nos) compagnes (les 2 versions existent). Mais « qu’un sang impur abreuve nos sillons ! »

Evidemment, nous étions alors en guerre, nos bras vengeurs, nos défenseurs aux « mâles accents », contre l’Autriche ! On se rachète un peu aujourd’hui en invoquant la « Liberté, Liberté chérie » triomphe de « tes ennemis expirants ».

Il y a bien un couplet pour les enfants (auteur controversé), mais on y retrouve poussière, cercueils, vengeance etc.

J’ai un souvenir plus pacifique : avec mon épouse, au cours d’une croisière sur la Baltique, le 14 juillet 2000, le commandant de bord invite les français (nombreux) à écouter la Marseillaise, en buvant une coupe de champagne. Je notais alors que la Marseillaise est émouvante « lorsqu’on est hors frontières » (avec ou sans champagne).

Et puis il faudrait une plage de plus pour écouter la « Marseillaise anticléricale », impensable aujourd’hui ! mais instructive *

 


20/01/2024
1 Poster un commentaire

OBSCURANTISME

 

On parle beaucoup ces jours-ci, dramatiquement marqués par un second assassinat de professeur de lycée, d’obscurantisme mot ou adjectif qui qualifieraient les assassins. Il n’est pas certain que ce soient les termes adéquats car des « lettrés » ne se privent pas de par le monde de commettre les mêmes horreurs au nom d’une religion ou d’une autre philosophie. En son temps, Voltaire au nom des Lumières, fustigeait l’obscurantisme de son temps. J’ai voulu proposer ce court extrait d’un écrit du philosophe, aux relents… contemporains :

 

Voltaire en son temps écrit un pamphlet contre l’obscurantisme qu’il situe dans l’empire Turc, quasi inconnu à l’époque, mais qui masque la religion catholique et la monarchie absolue, ses cibles réelles !

De l’horrible danger de la lecture,  Voltaire  1765

(extrait)

A ces causes et autres[1], pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines ; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien……………. 

 

[1] Allusion aux discours scientifiques qui voulaient éradiquer la peste.

 


16/10/2023
0 Poster un commentaire

A Samuel PATY, à la liberté d'expression, à la laïcité

 


15/10/2021
0 Poster un commentaire

Laïcité, liberté de culte, seau de chaux vive

Je reçois aujourd’hui cette nouvelle claque à la culture, à la laïcité ; cet acte d’obscurantisme qui concerne l’humanité une fois de plus, de la part de celui qui se prend pour le nouvel empereur de l’empire ottoman, le grand Mamamouchi plutôt d’une triste comédie.

 

Beaucoup d’entre vous certainement connaissent, dans les faubourgs d’Istanbul, cette église byzantine appelée Saint-Sauveur in Chora (Saint Sauveur des champs, à peu près). Autant Sainte Sophie est immense, autant Saint-Sauveur est une basilique de petite taille, mais très belle : de style byzantin, elle fut édifiée au XIV° siècle sur l’emplacement d’une église du V° siècle mise à bas par un tremblement de terre. Nous sommes en pleine actualité ! Mais quel édifice d’Istanbul n’a pas été renversé dans son histoire au moins une fois par les forces telluriques de la faille qui traverse la ville ?

Saint Sauveur in Chora est célèbre pour ses mosaïques et ses fresques, et l’on vient de loin les admirer. C’est ce que nous avons fait, mon épouse Maudy et moi, en juillet 2010. J’en ai gardé un souvenir inoubliable. Après avoir réussi à trouver dans Istanbul le bon bus qui desservait le bon arrêt, nous sommes descendus vers la basilique qui se trouve sur une pente assez abrupte. Et là, c’est comme un jeu d’enfant, on passe d’une voûte à une autre on enfile des portes pour découvrir aussi bien dans les narthex, exonarthex que dans les salles de prière et de célébrations le naos, le paracclésion, les six dômes, les mosaïques, les fresques dont certaines sont encore à demi recouvertes de chaux. Rappelons que l’église chrétienne a été transformée en mosquée après la chute de l’empire byzantin. Grâce à la politique de laïcisation d’Ataturk après la première guerre mondiale, l’ancienne basilique est devenue un musée en 1948 tout comme sainte Sophie en 1934. Elle a été mise sous protection de l’Unesco en 1985, les travaux de restauration n’ont cessé depuis. C’était le cas quand nous l’avons visitée. Toute la zone où elle est bâtie est patrimoine mondial de l’Unesco.

 

Ce qui n’a pas empêché le grand Mamamouchi, cet été de la déclarer à nouveau mosquée, et c’était avant-hier 30 octobre si je ne m’abuse la première prière islamique dans Saint Sauveur in Chora. Comme à sainte Sophie le 24 juillet de cette année.

Et le premier acte qui suit – ou précède - la prière, c’est… de masquer les mosaïques et les fresques en les recouvrant de chaux, ou en les détruisant tout simplement. Adieu donc les Apôtres, les saints, les empereurs byzantins, l’ancien et le nouveau Testaments, etc. Le Prophète a dit : « Pas de représentations humaines dans vos mosquées !» Tout cela est passé inaperçu au milieu des gesticulations du bonhomme.

 

Je termine avec cette carte postale que j’ai retrouvée dans notre dossier de voyage ; Maudy n’avait pas eu le temps je pense de l’envoyer à un ami. Elle disait : « Istanbul, ville merveilleuse, j’adore. Couleurs, odeurs, bruits, soleil, tout est fantastique. L’Orient et l’Europe se mêlent. Je rajeunis jour après jour. »

 

Que dirait-elle, aujourd’hui, assise dans ce petit restaurant en-dessous de Saint Sauveur in Chora où nous avions déjeuné en sortant de l’église ? Il doit être fermé !

 


09/11/2020
0 Poster un commentaire

Hommage à Roger, mon instituteur

En ces jours de deuil mais aussi d'hommages à un professeur de collège, à l'école de la République elle-même, je repense à mon instituteur de village qui m'a enseigné les rudiments du savoir, du cours élémentaire au cours moyen 1ère année (classe unique à cette époque conduisant au certificat d'études). Roger Chassonaud a poussé la performance jusqu'à mourir quelques semaines avant ses 100 ans.

Je garde quelques souvenirs de l'école; selon Roger j'étais très bon en orthographe et grammaire. Il me le rappelait à 99 ans!

Par contre le calcul... mais Roger lui-même n'était pas doué en cette matière disait-il. Et dire qu'à plus de soixante dix ans j'ai dû passer des tests de calcul mental dans un centre de gérontologie parisien pour rassurer mon entourage sur ma santé cérébrale!

J'ai retrouvé Roger tout au long de ma vie : à Cognac notamment dans les années 60 où le sort m'a nommé et où il coulait des jours heureux avec son épouse, lui directeur d'école en retraite, elle directrice d'école en retraite. De curieux cousinages entremêlés nous réunissaient, ma femme, moi et eux dans de fréquents apéros au whisky (quelle hérésie pour des cognaçais) ainsi que des parties de campagne chez des cousins à moi.

Mais revenons à Roger : il avait connu deux guerres; il avait subi le typhus exanthématique dont il parlait comme d'un fait d'arme, il n'en était pas mort; il avait été communiste en bon hussard de la République, ce qui ne l'empêchait pas de "prêter" un ou deux élèves au curé de la paroisse pour servir un enterrement (je n'aimais pas les enterrements, mais la récréation qu'ils procuraient, si!); je me souviens qu'aux beaux jours j'étais chargé par mes camarades de suggérer à Roger une "classe de forêt", il n'aimait pas trop mais parfois il cédait. Une magnifique forêt bordait le village, elle appartenait aux châtelains, les patrons de ma mère.

Du communisme, Roger était passé à une vague croyance mêlée d'animisme et... d'anticléricalisme (son cousin cognaçais étant néanmoins membre du clergé!).

Roger avait une haute idée de la laïcité jusqu'à de curieux scrupules. Je me souviens qu'au moment où nous abordions en histoire l'empereur Charlemagne, j'avais voulu faire état de mes connaissances littéraires en levant le doigt et en disant : "Charlemagne a été couronné empereur par le Pape en 800"; et mes camarades de rire : "Mais non, il n'y avait pas de Pape à cette époque". J'espérais un démenti de Roger, mais il est resté de marbre et silencieux. On ne parle pas de Pape à l'école communale!

Il nous enseignait la morale par des sentences qu'il écrivait sur le tableau noir le matin. J'ai gardé le souvenir de l'une d'entre elles - une seule ! - "Le drapeau passe, chapeau bas!"

Il avait néanmoins un défaut : il aimait trop les femmes... Les mères d'élèves, dont ma mère,  n'osaient pas le rencontrer seules. Après la mort de sa femme, l'aide-ménagère envoyée par mes cousins a tenu quelques jours, pas plus! Il aimait beaucoup Maudy mon épouse, mais avec respect. Il a connu nos enfants (son couple n'en avait pas). Nous nous efforcions, Maudy et moi de leur cacher les bonbons que sa femme et lui leur donnaient (mais nous repartions à Paris avec la bouteille de whisky qu'il ne manquait pas de nous confier!)

Roger avait beaucoup de respect pour les autres, en particulier les moins considérés. Je me souviens qu'il avait, derrière sa porte d'entrée, sur une boîte à clefs, des pièces pour donner en pourboire aux livreurs ou facteurs, et pour l'époque, ce n'étaient pas ce que nous appelons des pièces jaunes. De même au restaurant où il aimait nous inviter.

Roger n'a jamais voulu fréquenter les châtelains du village, réflexe d'ancien communiste ? Le curé, il le respectait sans plus et ce dernier faisait de même, le "prêt" d'enfants de choeur en témoigne. Encore une anecdote : ce curé de notre village fut nommé dans une paroisse à quelques kilomètres de Cognac. Roger l'invita une fois ou l'autre, par politesse, mais sans plus.

Il est mort presque centenaire; son cousin prêtre a célébré la messe; nous n'avons pu être présents dans son petit village natal à proximité de la Charente.

Je pense qu'il aurait aimé apprendre que j'avais obtenu mon doctorat  et qu'il en aurait été fier; de la grammaire aux "Lettres", un fil rouge ? Merci Roger!

 

Alain Piot, docteur de Paris-Sorbonne, Paris IV

 


23/10/2020
0 Poster un commentaire


Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser