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Une Chorba à El-Biar !

Aujourd’hui, 3 juillet, soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, il faut bien que je vous raconte un souvenir de ma vie « là-bas » !

 

Voilà, j’ai été débarqué du grand paquebot « Ville de Marseille » le 17 décembre 1961. J’ai découvert au réveil avec admiration la magnifique baie d’Alger, éclairée par les premiers rayons du soleil. J’allais dans l’inconnu, et d’abord dans la 10ème section d’infirmiers militaires, au pied de l’hôpital Maillot, et non loin du port. Séjour sans histoire, Noël approchait, nous avons eu la messe de minuit dans la grande chapelle, puis un repas de fête. J’avais été intrigué en arrivant par les grillages, protections anti-grenades, devant toutes les fenêtres, qui rappelaient la guerre. J’aimais aller sur la terrasse de Maillot regarder la baie côté ville.

Mon séjour s’est prolongé parce que j’avais été « oublié » ; j’étais en fait affecté à l’annexe de Maillot à El-Biar, un hôpital de rééducation fonctionnelle pour les blessés, essentiellement algériens, de l’armée française. On m’attendait à El-Biar, on m’avait oublié à Alger. Finalement j’ai été transféré, je ne me souviens pas quel jour, j’ai seulement la date du 21 décembre qui est la décision de M. le Commandant (oubliée dans un tiroir).

 

Bref j’arrive à El-Biar, banlieue d’Alger, sur les hauteurs. Première soirée, le réfectoire (je ne connais personne), des tables pour les soldats et une ou deux pour le personnel militaire musulman. Je cherche une place chez les métropolitains, rien et personne ne bouge. Je vois qu’il y a de la place chez les musulmans, je m’y installe, je ne vois pas d’inconvénient, eux non plus semble-t-il, mais c’est le silence complet, un peu gêné… Et on nous sert un menu local, différent des autres ; une « Chorba » ce soir-là. Evidemment je découvre ! c’est une soupe copieuse (viande, pâtes, légumes), bien relevée, que j’apprécie. Combien en ferai-je dans ma vie ultérieure pour la famille ! je ne compte plus !

Cet accueil pour le moins ambigu se normalisera le lendemain. J’ai fait des connaissances et lié des amitiés avec les militaires musulmans par la suite, jusqu’au cessez-le feu et l’indépendance qui nous ont séparés.

 

Pour la petite histoire, on m’a affecté ce soir-là un lit… dans le grand garage (ambulances et autres véhicules) où nous étions plusieurs à respirer les effluves de gazole en guise de somnifère. Rapidement, mes affectations plus « nobles », dont le standard en premier, puis le secrétariat du Médecin-chef, m’ont offert plus de confort ! De bons souvenirs !

 

Seul point noir : le commandant, qui avait une peur panique d’une attaque de l’hôpital par des forces hostile et qui multipliait les gardes de nuit… dans les buissons qui entouraient nos bâtiments. Des « cupressi » parait-il, dont l’odeur sylvestre nous aidait à supporter la position debout interminable, arme à l’épaule.

C’était… hier,  mon commandant !

 



03/07/2022
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