cheveux-blancs

Excusez-moi, je vais encore coiffer mon béret ou mon calot d’ancien combattant !

Ce lundi 2 décembre 2019 va avoir lieu aux Invalides une cérémonie d’hommage aux 13 soldats tués au Mali, en présence du chef de l’Etat. Une de plus, direz-vous, avec les cercueils recouverts du drapeau, la légion d’honneur à titre posthume, la musique, etc. Cette cérémonie devient  tristement familière  hélas, guerres, catastrophes  ou attentats.

Des souvenirs remontent à ma mémoire d’un… autre monde, d’une autre époque, aux antipodes de ce qui se passera demain. C’était il y a 59 ans précisément. J’avais été affecté à la Direction Centrale des Services de Santé des Armées (aux Invalides !), au 2^ème bureau – ce qui a un petit relent de mystère, de secret. L’une de nos mission était de recenser les morts en Algérie et, entre autres, de collecter les lettres de condoléances envoyées par les chefs d’unités aux familles des morts. Elles étaient toutes sur le même modèle, elles louaient toutes la bravoure des disparus (qui n’en avaient que faire maintenant).

Ces morts seraient enterrés dans leur village de Corrèze, de Haute Vienne, de la banlieue de Marseille ou de Chartres. Ils n’auraient pas de cérémonie dans la cour des Invalides, à côté de mon bureau. Bien moins, si l’on peut dire, leur mort serait cachée pudiquement. Pas de statistiques évidemment. Le total viendrait bien plus tard (1986). Près de 30 000 tués en ne comptant que les militaires de l’armée française (appelés et d’active). Ce serait le triste bilan de ce qui n’était pas une guerre jusqu’en 1999, mais « des opérations », « des évènements », etc. 37 ans pour dire ce mot : « guerre » ; 24 ans pour compter les morts, avec des polémiques toujours pas terminées… et encore beaucoup d’inconnues (civils, harkis, « disparus »…).

Silence, secret, d’un côté.

Démonstrations de patriotisme, de reconnaissance, d’un autre.

A 59 ans d’écart.

Mais toujours au bout de la route, la mort !