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23 avril 1961 (aujourd’hui je suis sérieux)

 

Nous sommes aujourd’hui le vendredi 23 avril 2021. Comme le temps passe ! Il y a 60 ans exactement : j’ai 20 ans exactement ; je suis « sous les drapeaux » depuis 5 mois, infirmier mais pour l’heure secrétaire au deuxième bureau de la Direction générale des Services de Santé des Armées, au premier étage des Invalides (quand vous regardez Napoléon, derrière lui à gauche).

Depuis quelques jours on parle d’évènements graves en Algérie, un « putsch » ! Mais notre information est plutôt vague. Nous savons bien sûr que de Gaulle envisage l’autodétermination des algériens dès que la situation le permettra. La guerre persiste. Nous sommes appelés à y participer, dans un mois, deux, trois ou plus. 28 mois de service militaire. Nous savons que l’unanimité n’est pas faite sur cette autodétermination ; pas tellement en France où 75% ont dit oui au référendum de janvier 1961, mais « là-bas » dans la population qui vit en Algérie. D’où le putsch contre l’ « abandon » de l’Algérie.

 

Ce dimanche 23 avril au soir, je suis comme on dit « de garde » aux Invalides. Chaque soir nous sommes deux à y passer la nuit. C’est un marin qui passe cette nuit avec moi, en tout bien tout honneur ; je ne le connais que de vue, il est secrétaire comme moi mais dans un autre couloir ou étage. Notre garde consiste à dormir sur un lit de camp jusqu’au petit matin. Et cette nuit il ne se passe rien. Enfin dans notre bureau-chambre à coucher. Nous entendons plus que de coutume les bruits de la rue, notamment des roulements de ce qui semble de poids-lourds. Des roulements continus. Mais nous avons dormi tranquillement.

 

C’est lundi que nous apprenons d’abord que de Gaulle avait fait un grand discours (on se rappelle : « un quarteron de généraux en retraite » ; « hélas, hélas, hélas » ;  « françaises français aidez-moi ! ») ; et que Michel Debré, premier ministre, voulant relayer de Gaulle en dramatisant maladroitement comme toujours, avait appelé à aller occuper les aéroports, craignant l’irruption de parachutistes putschistes fantômes, au point de bloquer les rues et les routes d’Ile de France ! Et nous n’avions entendu que des ronflements de chars dans Paris !

Notre patron, un médecin-général corse, attendra quelques jours, avec prudence, avant de faire allégeance à de Gaulle. On ne sait jamais.

 

C’est de ce jour je crois que date le début de ma conscience politique sur le conflit algérien, que j’irai rejoindre 7 mois plus tard, pour un séjour de 12 mois. Algérie que j’ai aimée au point d’y retourner seul, avec Maudy, avec les enfants jusqu’aux années noires… (1991-2002).

Mémoire, quand tu nous tiens !

 



23/04/2021
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